Anicée Lacrouts, La Table de Yoann Comte (Annecy) : la benjamine au mental d'acier
La benjamine de cette promo (19 ans !) a grandi en Gironde, où elle a passé son bac pro cuisine au lycée Biarritz Atlantique. En 2022, Anicée remporte le titre de MAF (Meilleur Apprenti de France), dans la catégorie Cuisine Froide, remis par Philippe Etchebest en personne. Et l'année d'après, le concours « Objectif Top Chef », parmi 72 candidats. C’est là qu’elle rencontre Juan Arbelaez et surtout le chef Yoann Conte, qui lui propose alors de rejoindre la brigade de son restaurant doublement étoilé, La Table à côté d' Annecy. « Il m’a motivée, il m’a donné confiance en moi » confie-t-elle. Elle avait déjà tâté du deux étoiles, lors d'un stage au sein de son restaurant Sur Mesure de Thierry Marx, au Mandarin Oriental.
La jeune femme en veut ! Et avec son mental en acier pourrait se montrer une candidate redoutable. Sa motivation ? Son papa, décédé il y a plusieurs années.
Lise Deveix, cheffe du Sadarnac (Paris) : des maths à la cuisine accessible et inclusive
Bac S en poche, cette tête bien faite originaire de Saint-Germain-en-Laye s'embarque d'abord pour une classe préparatoire aux concours des grandes écoles d’ingénieurs... Mais la vie aimant bien contrarier les destinées toutes tracées, la voilà qui au détour d'un job étudiant se prend de passion pour la restauration ! Et s'inscrit à l’école de cuisine Ferrandi.
Lise se forme d'abord en cuisine bourgeoise et classique, à bonne école auprès de Manuel Martinez au Relais Louis XIII, dans le 6ème arrondissement de Paris, puis chez Alain Solivérès au Taillevent (8ème). La suite ? Un an comme cheffe de partie dans l’étoilé parisien d'Akrame Benallal (alors dans le 16ème). Lequel Akrame lui propose alors de prendre la tête de ses cuisines à Hong Kong.
Une expérience inspirante, puisque de retour au bercail, elle lance en 2018 son premier restaurant : Sadarnac, du nom de la ferme familiale en Limousin qui a bercé son enfance. Dans l'assiette ? L’excellence des produits français, mâtinée de touches asiatiques. Des plats alliant rudesse et simplicité. « Ma cuisine est brute, un peu comme moi » dit-elle quand on lui demande de définir sa patte. Une cuisine « accessible et inclusive », ancrée dans le quartier populaire de l’ancien village de Charonne (Paris 20ème).
Caractère bien trempé, humour et authenticité : à 31 ans, Lise espère avec Top Chef explorer son potentiel et sortir de sa zone de confort.
Marie Pacotte, de Francette (Paris) : la cheffe cap'tain !
A bord de Francette, péniche amarrée en bas de la Tour Eiffel, Marie gère une brigade de 20 personnes, dans la bonne humeur et le partage. Transmettre est chez cheffe solaire une vraie vocation. Sa cuisine de marché colorée met en avant son amour pour les produits de la mer.
La jeune femme est née et a grandi en région parisienne, dans un environnement plutôt éloigné des fourneaux, avec une famille travaillant dans l’univers artistique. Elle fait ses premiers pas dans la restauration à 17 ans, en intégrant l'école Ferrandi. Après plusieurs stages et expériences dans des restaurants étoilés, elle rencontre celle qui deviendra son mentor : la cheffe Stéphanie Moquet, qui lui confie donc le piano de son restaurant flottant.
Cette candidate déterminée veut démontrer que la compétence n’est pas déterminée par le genre. A 27 ans, elle participe aussi à l’émission avec l’objectif d’ouvrir un jour son propre restaurant avec son mari. Cette année 2024 résonne de façon particulière pour elle : au-delà de l'anniversaire des 15 ans de Top Chef, elle marque aussi une décennie d’expérience en cuisine.
Inès Trontin, cheffe propriétaire de Pêche (Paris) : de l'Opéra de Lyon au piano de restos !
C’est à l’Opéra de Lyon que cette petite-fille d’agriculteurs et d’éleveurs découvre la gastronomie. Elle travaille alors en tant que technicienne lumière. Puis elle se met à préparer des repas quotidiens et finit par concevoir le catering pour tout l’opéra !Visant l’excellence, elle frappe à la porte de pointures comme Eric Frechon, Guy Lassausaie ou Jérôme Schilling... qui deviendra son mentor et qu'elle accompagne pour les Meilleurs Ouvriers de France. « Je me suis découverte une âme de compétitrice en aidant Jérôme Schilling à gagner les MOF, aujourd’hui je veux faire quelque chose pour moi et enfin gagner un concours en mon nom. » Déjà propriétaire du restaurant Pêche Paris, cette jeune cheffe souhaite prochainement ouvrir un nouveau lieu. Top Chef est pour elle l'occasion de se faire remarquer.
Comme Proust avant elle, Inès met l'accent sur les expériences olfactives, qui sont pour elles le premier contact avec le souvenir d’un moment précieux : « Quand je sens une fragrance qui m’interpelle, me rappelle un souvenir ou une image, j’ai envie de la manger », explique-t-elle. A 29 ans, branchée terroir et produits du cru, elle intègre des saveurs de Méditerranée et du Moyen-Orient dans une cuisine française classique. Son style ? Une identité raffinée et des goûts francs, aromatiques et herbacés.
Shirley Duthilleux, sous-cheffe du Ritz (Paris) : la revanche de la perdante ?
Compétitrice dans l'âme, Shirley débarque sur Top Chef après avoir été éliminée au premier tour d’Objectif Top Chef en 2017 par Philippe Etchebest. « Philippe Etchebest, préparez-vous, car je suis en route ! » s'exclame-t-elle. Quatre fois sacrée championne de tir à l’arc, la jeune femme est déterminée à aller jusqu’au bout. « La compétition, la concentration, je connais. Je suis une compétitrice et quand je rentre dans le tunnel je n’en sors pas jusqu’à la victoire » rappelle-t-elle à qui veut l'entendre.
Issue d’un père cuisinier et d’une mère serveuse, née en Angleterre mais élevée à Paris, Shirley a la restauration dans le sang ! A 6 ans, elle fait déjà ses gâteaux toute seule pour l’anniversaire de sa mère. A 14 ans, elle débute son apprentissage. Aujourd'hui âgée de 24 ans, sous-cheffe au Ritz, cette féministe voudrait devenir un modèle pour les jeunes filles, comme Hélène Darroze, Anne-Sophie Pic et Stéphanie Le Quellec ont pu l'être pour elle.
Forte de plusieurs passages remarqués à La Table de L’Espadon et au Cheval Blanc, elle cultive l'audace en cuisine, mariant des ingrédients improbables, bousculant les codes des palaces traditionnels. Elle aime jouer avec le sucré-salé ou réinventer les desserts avec des légumes et protéines animales.
Et 3 cheffes star parmi le jury... Dont Dominique Crenn, au destin incroyable !
Pour cette 15ème saison anniversaire de Top Chef, place à trois femmes de poigne ! Dominique Crenn, qui avait déjà pris part à l'émission en 2015. C'est la première femme cheffe à avoir décroché une troisième étoile dans le Guide MICHELIN aux États-Unis, pour son Atelier Crenn, basé à San Francisco. Très engagée dans la protection de l'environnement, défendant le bio et les produits locaux, Dominique a lancé a Paris Golden Poppy, cuisine fraîche et colorée aux vibes californiennes, mixant comme là-bas influences asiatiques, latines ou mexicaines.
Un destin hors du commun pour cette battante. Âgée de moins d'un an, sa mère biologique l'abandonne. Dominique Crenn est adoptée par un couple de Bretons, descendant d'une famille de paysans du Finistère Nord. A San Francisco, Dominique Crenn rencontre l'actrice américaine Maria Bello, révélée dans la série Urgences. « Quand on est tombées amoureuses, je venais juste d'apprendre que j'avais le cancer. Elle m'a dit : 'OK, let's do cancer'. On a dansé, on a ri, on faisait des dîners », se souvient-elle dans Libération.
Dix ans plus tôt, en 2009, elle était déjà sortie miraculée d'un terrible accident de voiture. Les drames qu'elle a traversés l'ont forgée. « Quand, comme moi, vous avez presque perdu deux fois votre vie, vous n'avez rien à perdre », résume-t-elle à Télé Mag. « Personne ne m'a fait, je me suis faite moi-même » se plaît à répéter cette autodidacte. « Je n'ai pas appris aux côtés de grands chefs. J'ai simplement grandi avec la cuisine faite par ma mère et ma grand-mère ».
...Mais aussi Hélène Darroze : de la protégée de Ducasse à la cheffe deux étoiles
Aux côtés de Dominique Crenn, deux consoeurs étoilées : Hélène Darroze et Stéphanie Le Quellec. La première grandit à Mont-de-Marsan au sein d'une famille d'hôteliers sur plusieurs générations. Après une Prépa HEC et diplôme de l'école de commerce Sup de Co Bordeaux en poche, elle se destine plutôt à la gestion hôtelière. Et entre au prestigieux restaurant Louis XV à Monte-Carlo, auprès d'Alain Ducasse. Landais comme elle, le mastondonte de la gastronomie l'apprécie et l'encourage à cuisiner, décelant en elle un potentiel rare.
Hélène l'écoute, et en 1993, reprend le restaurant familial, un relais gourmand... Qu'elle revend en 1999, pour ouvrir son propre restaurant gastronomique, Hélène Darroze, au cœur de Saint Germain des Prés à Paris. Lequel décroche deux étoiles au Guide Michelin en 2003. La Basco-landaise devient alors la deuxième femme en France avec la cheffe Anne-Sophie Pic à recevoir cette récompense. Pour l'anecdote, Jacques Chirac, alors président de la République venu manger dans son restaurant, dévore avec appétit son pigeonneau farci... En reprenant même deux fois !
C'est le début d'un empire qui ne cessera de se développer : le triplement étoilé Hélène Darroze at The Connaught à Londres, et le doublement étoilé Marsan à Paris. En 2018, cette cheffe ambitieuse ouvre Jòia à Paris, dont le mille-feuille au thé matcha devient rapidement culte. Récemment, elle a signé l'offre culinaire du Royal Mansour Marrakech au Maroc.
Mère de deux petites filles adoptées au Vietnam (Charlotte et Quitterie), cette femme de coeur tâche d'employer autant de femmes que possible, ayant elle-même été victime du machisme régnant au sein de la restauration.
Stéphanie Le Quellec : première femme de l'Histoire à remporter Top Chef !
Cette toque charismatique naît au sein d'une famille gastronome en région parisienne, d'où sa passion pour la cuisine. Dès l’âge de 7 ans, elle délaisse poupées et pâte à modeler pour confectionner sablés et crêpes. Bac en poche, Stéphanie Le Quellec se dirige donc tout naturellement vers le lycée hôtelier Albert-de-Mun de Paris, où elle obtient un BTS hôtellerie-restauration, à l'âge de 19 ans. « À cette époque, la cuisine attirait moins qu'aujourd'hui et j'étais une femme ! Mais j'ai eu la chance que mes parents croient en moi ».C'est auprès de Philippe Legendre, meilleur ouvrier de France qu'elle démarre sa carrière au restaurant Le Cinq de l’hôtel George-V à Paris, en 2001. C'est là qu'elle rencontre son futur mari David Le Quellec, avec qui elle a aujourd'hui trois enfants.
En 2006, elle rejoint Terre Blanche, le Four Seasons Resort dans le Var, auprès de Philippe Jourdin, également Meilleur Ouvrier de France. Et participe sur les conseils de ce dernier à Top Chef 2011 ! Qu'elle remporte haut la main. En 2013, elle devient cheffe du restaurant La Scène de l’hôtel Prince de Galles... Avant de partir juste après avoir reçu deux étoiles... Et d'ouvrir quelques mois plus tard sa propre Scène, avenue Matignon, dans le 8ème arrondissement de Paris, où elle profite d'une indépendance totale.
Avec une envie forte de faire bouger les lignes : « Je veux désacraliser la gastronomie de palace », dit-elle, « la rendre conviviale, accueillante et moins intimidante, sans rien lui ôter de sa magie, de son charme et de son élégance ». En 2023, elle avait déjà renoué avec Top Chef, en rejoignant le jury aux côtés de Dominique Crenn, Paul Pairet, Glenn Viel, Hélène Darroze et Philippe Etchebest. Rien d'étonnant à ce qu'elle remette le couvert cette année !
Photo de Une : Inès Trontin, une des candidates françaises de Top Chef 2024 © Pierre OLIVIER / M6